L’art brut est un terme inventé par le peintre français Jean Dubuffet pour décrire l’art des personnes autodidactes mais dépourvu de conditionnement culturel et de conformisme social.
Les créateurs d’art brut sont généralement adultes malades, prisonniers ou exclus de la société qui ignorent les canons artistiques et les valeurs culturelles traditionnelles, et pour qui l’acte de peindre, spontané, satisfait un besoin intérieur.
Le fait de produire est pour eux vital et impulsif. Ils subliment leur mal être dans la création artistique.
L’art brut a ses codes personnels et se fonde sur le passé de l’individu. Tout ce qu’il l’a marqué plus ou moins tragiquement s’exprime au travers de l’art brut.
L’Art Brut est devenu une discipline médicale : l’Art Thérapie. Le principe est le même sauf que l’envie de créer est suscitée pour extérioriser la souffrance et le mal être.
Un artiste va s’intéresser à ces dessins dépourvus de toute contrainte et les sortir du domaine médical : Jean Dubuffet (1901-1985) et va ensuite se nourrir de ces œuvres pour ses propres œuvres. Les fortes positions anti culturelles de l’artiste l’amènent à rechercher et à s’intéresser à de nouvelles formes d’art, loin de toute production officielle.
Jean Dubuffet & l'art brut
Jean Dubuffet est né le 31 juillet 1901 au Havre de parents négociants en vin.
A 18 ans, il se rend à Paris et fréquente durant six mois l’Académie Julian qu’il quitte afin de travailler seul.
Il abandonne périodiquement la peinture et travaille dans l’affaire familiale.
En 1942 Jean Dubuffet confie son commerce à un fondé de pouvoir et se consacre définitivement à la peinture.
Il décide de se consacrer exclusivement à l’art « primitif », au dessin volontairement malhabile, proche de la caricature ou du graffiti.
Dans un « expressionnisme bariolé », il se met à peindre sa série Vues de Paris inspirée de dessins d’enfants.
Il expose pour la première fois ses oeuvres en 1944 à la galerie René Drouin, il y présente sa série des Marionnettes de la ville et de la campagne. En 1945 il fait un premier voyage de prospection « d’art brut » en Suisse. C’est à cette période que Jean Dubuffet commence à collectionner des œuvres d’art brut.
Jean Dubuffet publie en 1946 « Prospectus aux amateurs de tout genre » chez Gallimard.
En 1947, sa première exposition à New York à la galerie Pierre Matisse, connait un vif succès.
En 1948, il fonde, entre autres avec André Breton, le foyer de l’Art Brut, destinée à conserver « des productions présentant un caractère spontané et fortement inventif, aussi peu débitrices de l’art coutumier et des poncifs culturels et ayant pour auteurs des personnes obscures, étrangères aux milieux artistiques professionnels ».
Environs 5000 œuvres de la collection de Jean Dubuffet furent exposées au Musée des arts décoratifs de Paris en 1967.
La collection voyage jusqu’à New York, puis rue de Sèvres à Paris, avant de trouver refuge à Lausanne, en 1976, où elle constitue aujourd’hui le fonds du musée de l’Art brut. Jean Dubuffet crée la Fondation Dubuffet en 1974 à Paris.
Dans les années 1950, Dubuffet multiplie les séries. il brise un tabou esthétique, celui de la représentation de la femme avec sa série sur les « Corps de Dames »(1950-51), approfondit ses recherches sur la matière avec sa série « Sols et Terrains »(1950-52), et réalise sa série « Vaches petites statues de la vie précaire » en papier journal, éponge, pieds de vigne, tampon à récurer… en 1943-44.
Iconoclaste, artiste majeur du 20ème siècle, varié et productif, Jean Dubuffet se remet en cause constamment pour évoluer dans son art.
Le nom de l’artiste Jean Dubuffet est indissociable de celui de l’Art Brut car il en est l’inventeur, le révélateur.
Les créations de Jean Dubuffet relève en grande partie de la spontanéité et de l’innocence que l’on retrouve dans l’art brut – dont Dubuffet admirait l’absence d’esprit commercial – mais connurent un véritable succès commercial.
Quelques artistes d'Art Brut dont Jean Dubuffet a exposé les oeuvres
Aloïse Corbaz (1886-1964)
Enfermée en 1918 jusqu’en 1964. A l’âge de 55 ans elle éprouve le besoin de s’exprimer par le dessin.
Elle a une production énorme, elle donne a voir des images du temps où elle était heureuse.
Saturation complète de l’image, tout est bien proportionné.
Inter relation à des espaces imaginaires, regard adulte.
August Forestier (1887-1958) : « Monstre ailés à queue de poisson » 35-49
Emile Ratier : « Pendule, Arc de Triomphe et un manège bolide des neiges »
Augustin Lesage (1876-1954) : « sa première toile » 1912-13
Jeanne Tripier (1869-1944) : « Une broderie rectangulaire » 35-39
Scottie Wilson (1888-1976) : « La ville dans les fleurs » 50-51
Adolf Wölfli ( 1864-1930) : « Le tonneau de saint Adolf » 1922