Personne n’aurait pu rêver pareille construction… personne à part peut être Jules Verne qui avait imaginé en 1895 dans son roman « L’île à hélice » une cité flottante sur les océans. Mais l’histoire finissait mal…
Cette idée très futuriste a été reprise par l’architecte français Jean-Philippe Zoppini en partenariat avec les bureaux d’études du service innovation du chantier naval d’Alstom, pour l’île « AZ », une petite ville flottante d’une superficie de 10 hectares avec son lagon, son port, ses immeubles, sa galerie commerciale, son casino…
L'île à Hélice : source d'inspiration ?
« Or l’île dont il s’agit, c’est tout autre chose: elle devait être lancée sur la mer, elle devait durer… ce que peuvent durer les oeuvres sorties de la main de l’homme.
Et d’ailleurs, qui sait si la terre ne sera pas trop petite un jour pour ses habitants dont le nombre doit atteindre près de six milliards en 2072 – à ce que, d’après Ravenstein, les savants affirment avec une étonnante précision? Et ne faudra t-il pas bâtir sur la mer, alors que les continents seront encombrés?…
Standard-Island est une île en acier, et la résistance de sa coque a été calculée pour l’énormité du poids qu’elle est appelée à supporter. Elle est composée de deux cent soixante-dix mille caissons, ayant chacun seize mètres soixante-six de haut sur dix de long et dix de large. Leur surface horizontale représente donc un carré de dix mètres de côté, soit cent mètres de superficie. Tous ces caissons, boulonnés et rivés ensemble, assignent à l’île environs vingt-sept millions de mètres carrés, ou vingt-sept kilomètres superficiels. Dans la forme ovale que les constructeurs lui ont donnée, elle mesure sept kilomètres de longueur sur cinq kilomètres de largeur, et son pourtour est de dix-huit kilomètres en chiffres ronds.
La partie immergée de cette coque est de trente pieds, la partie émergeante de vingt pieds. Cela revient à dire que Standard-Island tire dix mètres d’eau à pleine charge. Il en résulte que son volume se chiffre par quatre cent trente-deux millions de mètres cubes, et son déplacement, soit les trois cinquièmes du volume, par deux cent cinquante-neuf millions de mètres cubes.
Toute la partie des caissons immergée a été recouverte d’une préparation si longtemps introuvable – elle a fait un milliardaire de son inventeur – qui empêche les gravans et autres coquillages de s’attacher aux parois en contact avec l’eau de mer.
Le sous sol de la nouvelle île ne craint ni les déformations, ni les ruptures, tant les tôles d’acier de sa coque sont, puissamment maintenues par des entretoises, tant le rivetage et le boulonnage ont été faits sur place avec solidité. »
Extrait de l’île à Hélice de Jules Verne.
L'île d'AZ : un projet gigantesque et un espoir de réalisation pour Jean Philippe Zoppini
Jean Philippe Zoppini.
A mi chemin entre le paquebot de luxe et l’île flottante, l’île d’AZ sera évidemment réservée à une clientèle fortunée. A comme Alsthom, Z comme Zoppini, voici comment a été choisit le nom de l’île.
Entre Jean-Philippe Zoppini et la mer, c’est une longue histoire.
En 1981, il imaginait déjà une ville flottante luxueuse, « Isula », dont les abords étaient protégés de la houle par une structure circulaire mais « Isula » ne voguait pas alors l’île AZ pourra se déplacer à la vitesse de 10 nœuds, ce qui correspond à la vitesse minimale pour se dérouter en cas de typhon, et ce qui permettra à l’île de faire des escales en Méditerranée, en Polynésie, aux Antilles… destinations très prisées.
La viabilité économique du projet n’est pas avérée et Alsthom hésite à promouvoir ce projet qui sort du cadre habituel de la construction de bateaux, Jean-Philippe Zoppini espère bien voir le projet aboutir.
Il estime son coût à 2 milliards d’euros, à comparer aux 780 millions du plus grand paquebot du monde actuel : le « Queen Mary II » également construit par Alsthom.
Proportionnellement à la surface proposée, l’île AZ serait moins chère au mètre carré. Actuellement en négociation, en particulier avec l’émirat de Dubaï, il a espoir de concrétiser son idée en 2008 ou 2009.
Jean-Philippe Zoppini, n’est en effet pas qu’un doux rêveur. Président de l’Association Cités Marines depuis 1995, il s’intéresse depuis maintenant une vingtaine d’années aux possibilités d’utiliser l’océan comme support et comme nouvel espace à urbaniser.
Composition de l'île AZ
Une étude de faisabilité réalisée par Alstom n’a pas fait apparaître de difficultés majeures de construction, sinon des problèmes de logistique et de maintenance inhérents, mais non irréalisables, à une structure de cette dimension.
L’ensemble des constituants est composé d’éléments modulaires qui permettent, selon lui, un assemblage relativement simple. Le flotteur peut être réalisé dans les chantiers de Saint Nazaire, par éléments de 30m x 40m. L’assemblage des sept éléments de 400 m constituant la base du navire serait assemblée en pleine mer dans un endroit protégé de la houle. Jean-Philippe Zoppini a même songé à un projet de marina dédiée à l’île AZ, au Venezuela, qui servirait de base. Des robots assureraient l’entretien de la coque, puisqu’il est impossible de mettre le bâtiment en cale sèche.
Tous les bâtiments, où le verre est très présent pour développer la luminosité, sont tournés et vers le lagon, et vers l’entrée principale, qui se trouve juste à l’opposé des bassins arrières. Les infrastructures d’accueil, d’administration et de loisirs sont placées au plus bas.
Aux niveaux supérieurs se trouvent les piscines, tennis, bowlings, terrains de basket, mini-golf, salles de jeux, casinos, salles de théâtre et cinéma, salles de gymnastique, thalasso, centre de fitness, restaurants…
Plus en hauteur, où convergent tous les escaliers de secours se trouvent 50 chaloupes, les cabines du personnel naviguant et d’autres locaux techniques
Une première version, le trimaran AZ1, ne proposait « que » 2 000 cabines mais Alsthom souhaitait quelque chose de beaucoup plus grand.
Le projet actuel de l’île AZ serait constitué par 4000 cabines de grand luxe et pourrait accueillir jusqu’à 10 000 occupants. La base de l’île a une forme ovoïde de 300 m de large, 400m de long.
L’île paquebot comprendra près de 150.000m2 de logements et 150.000m2 de surface commerciale.
Entièrement autonome, cette île artificielle est censée résister à des conditions difficiles, affronter des vagues de 20m et résister à des typhons. Des conditions extrêmes qu’il faut prévoir.
« Quand on passe à la maquette, c’est qu’on n’est plus dans l’utopie », se réjouit Zoppini. C’est la preuve également que Alstom prend ce projet très au sérieux. L’île d’AZ n’est pas encore tout à fait réalité mais Jean-Philippe Zoppini se donne tous les moyens pour que ce projet aboutisse!
Décès de l'architecte Jean Philippe Zoppini
L’architecte français Jean-Philippe Zoppini, né en 1953 à Abidjan et de nationalité française, est décédé le 10 février 2010, dans le Sud-Ouest de la France, à l’âge de 56 ans. Il a consacré sa vie à l’architecture et travaillait sur plusieurs projet architectural en mer dont le projet de l’île d’Az.